Programme de 13 à 18 août 1921



Livret de programme

Source: FelixArchief no. 1968#287

Ce texte a été généré automatiquement sur la base des pages numérisées, en utilisant la technologie ROC. En raison des polices de caractères historiques utilisées dans les livrets de programmes, les résultats ne sont pas sans fautes.

Consultez les images de ce livret de programme



CINÉ-REVUE

Vch-Ui

CeA 4-e

<3ow4 cctoÀ&s

TAILLEUR, pour Dames et Mes­sieurs. Henri Juvyns, 131, rue de Bra­bant, Bruxelles. BIJOU­TIER. Ernest Bank­niet, 5, rue duTa­bora (rue au Beurre), Bruxelles. Spé­cia­lité do pièces sur com­mande.

AUTOS. Tal­bot Dar­racq. (R. Eycken & J. Tal­boom), 29, rue de la Paix, Bruxelles. Télé­phone: 127.94.

AUTOS (Répa­ra­tion). L’Auto Méca­nique, 10, rue Jules Fran­qui, Bruxelles.

PNEUS. Le pneu HEVEA est le pneu triom­pha­teur. Récla­mez-le dans tous les garages.

TICKETS, BOBINES, BLOCS-DUPLEX. Ed.

Odry-Mom­mens, 17, rue d’ida­lie. Tél. Linth. 63, Bruxelles.

LIN­GE­RIE. Bichon Sœurs, 269, ave­nue Rogier, Bruxelles.

COR­SETS SUR MESURES, Lin­ge­rie et Blouses.

Rachel Van Driessche, 44, rue Les-brous­sart, Bruxelles.

MODES, Jour­naux de Modes. Jean Félix, 20, rue Albert de Latour, Bruxelles.

PUBLI­CITÉ Aug. Del­mar­cel, 25, rue Dupré, Jette-Bruxelles. Tél.: Brux. 166.59. Conces­sion­naire de la publi­cité dans Ciné'Re­vue. (

POIS­SON­NE­RIE. Thie­le­mans, 16-18, quai aux Briques. Tél. Bruxelles 8815.

HUITRES. Léon Ber­nard, 7, rue du Tabora (rue au Beurre), Bruxelles, Tél.: 4579.

RES­TAU­RANT. A la Renom­mée, 87, rue Saint-Lazare, Bruxelles, Tél.: 8789.

RES­TAU­RANT. Res­tau­rant du Filet de Sole.

Le ven­dredi, sa bouilla­baise. Tél.: 6612, Bruxelles.

RES­TAU­RANT. Res­tau­rant du Savoy, les jours de courses, ses déjeu­ners à prix fixe ser­vis rapi­de­ment. Rete­nir sa table. Tél.: 125.06 Bruxelles.

LA GRA­PHO­LO­GIE vous révé­lera le carac­tère intime et les ins­tincts de ceux qui vous inté­ressent. Adres­sez les docu­ments (lettres signées et enve­lop­pées par exemple) avec bon de poste de cinq francs pour esquise de carac­tère 10 francs pour étude com­plète, à M. Leva­tor, aux bureaux de la Ciné Revue, 10, rue Charles De Cos­ter.

His­toires de mises en scène!

. Un met­teur en scène de nos amis réglait une scène de son film. Un jeune homme devait entrer dans un salon et saluer la vieille douai­rière, puis ensuite pré­sen­ter ses hom­mages à la demoi­selle de la mai­son. Le jeune artiste répète, vient bai­ser la main de la vieille dame, puis ensuite s’in­cline devant la jeune fille. Alors celle-ci de s’écrier:

— Et moi, vous ne me bai­sez pas la main?

Le met­teur en scène inter­vient.

— Made­moi­selle, on n’em­brasse pas la main d’une jeune fille!

— Je m’en moque, s’écrie notre ingé­nue, je n’ac­cepte pas ça. C’est moi la vedette du film, c’est moi qui gagne le plus, c’est inad­mis­sible que Mon­sieur embrasse la main de Madame et pas la mienne! 11 ne sera pas dit que je serai moins bien trai­tée qu'une figu­rante!...

Notre met­teur en scène, homme d’es­prit, n’in­sista point. On tourna une fois la scène, sans pel­li­cule! pour satis­faire la vedette et l’on opéra

fiour le bon, le jeu réglé comme il devait l’être. Sans un cas pareil il ne faut jamais dis­cu­ter, comme le bri­ga­dier de la chan­son, la vedette a tou­jours rai­son!!

Qei­trine Opu­lente

“ n ‘‘ “»ar les Pilules Qalé­flaes. Les Pi-alé­gi­nos sont Incom­pa­rables pour déve­lop­per et raf­fer­mir les seina, effa­cer les saillies osseuses, com­bler les salières ci don­ner à la poi­trine de3 contours har­mo­nieux et sédui­sants. Elles sont abso­lu­ment inof­fen­sives et elles réus­sissent aussi bien cher la femme que la jeune fille. Trai­te­ment facile k suivre en secret. Prix: 5 francs dans toutes les bon. pharm, et au dépôt géné­ral Pharm. Mon­diale, 65, rue Ant.-Dan­saert, Bruxelles. Méfiez-vous des contre­fa­çons sans valei .

LIÈGE: Pharm. Goos­senf,68, rue de la Cathé­drale. ANVERS: Phar­ma­cie-Dro­gue­rie, 115, rue Montl­gny GAND: Pharm. Yer­gae­len, 15, rue des Champs. CHAR­LE­ROI: Pharm. Sohet, 15, rue de Mar­cl­nelle MA MUR: Pharm. Chiâûft­fie, 2, rue Gode­froid. MONS: Pharm. Her­mans, 19, rue de l'Athé­née. OSTENDE: Pharm. Halewyck, Place d’Armes, 12.

Cnru/zvne offi­ciel {yeioe

Gry ßhörcdWTQ cu/elQnccy Qtuc­dité/'

de Veut C

[iiiui­niiiiiiiimnn­ni­niu­tuiiii­miiiii­fiiiiK­ni­niii)i/tiiimnn­miHnfH»nmfi(fmfn­mifH­Hij»Muniif

JlLU­nÔrü 50e &rÿr c/e /ibrai­rie S]QfaÔOfà­CL­ClÔÀA£ /jcuaùjant UT&idndù bOTUHMßnt CMV­TIUgL Q5/x3l

Ÿ/jVorxurm<2f cm àro ccloyzccp DANS LA CONTRE/AINE

Il est venu seul au cinéma. Aus­si­tôt est-il assis qu’on le croi­rait pré­sident d’un club et chargé de diri­ger des débats. Son voi­sin de gauche exprime-t-il sa joie de ce que la séance va enfin com­men­cer, il lui jette à la face qu’il sera tou­jours temps de voir d’ineptes stu­pi­di­tés s’éta­ler sur l’écran. Ne lui répon­dez pas, vous n’en vien­driez pas à bout tant il a la rage d’adop­ter pour axiome le contre­pied du com­mun bon sens. Son inter­lo­cu­teur garde-t-il le silence, il n’en conti­nuera pas moins à vou­loir bol-ché­vi­ser sa res­pec­table quié­tude.

L’écran s’illu­mine: c’est Cha­riot bur­lesque et gouailleur, et la salle entière — lui excepté — s’es­claffe en un bon rire qui détend les muscles et chasse les noirs pen­sers. L’infàme contre-mineur dit alors bien haut “ sa honte de voir une telle bande d’im­bé­ciles rire depaieilles âne­ries »; entre deux épi­sodes sa voix se fait funèbre: on abê­tit le peuple, on lui cha­touille la rate pour l’em­pê­cher de voir les sombres hor­reurs de l’heure pré­sente. Le contre-mineur énu­mère pen­dant une accal­mie de rires les mal­heurs du genre humain, il dit l’atro-phie­ment de l’in­tel­lect des hommes, les charges

d’im­pôts qui nous accablent, le marasme de notre acti­vité natio­nale, la faillite des idées et des biens Tout cela est trop incom­men­su­ra­bleinent triste pour qu’il puisse même sou­rire.

Film dra­ma­tique: c’est son tour de rire et de bien rire. La face du bon­homme s’est faite béa­te­ment hilare en atten­dant les pas­sages ter­ri­fiants qui feront hale­ter toute la salle d’émo­tion et de peur.. Au moment pré­cis où la can­dide héroïne va être la proie inno­cente d’un répu­gnant séduc­teur, ou bien quand le vaillant jeune homme va être pré­ci­pité du haut de la falaise abrupte, le contre-mineur se tire­bou­chonne de rire, a des hoquets de bien-être et de joie impos­sible à conte­nir. Une bonne mère de famille tou­jonrs à la tâche dis­pute-t-elle ses pauvres gosses à la mala­die, un bon ouvrier sans reproche, probe et labo­rieux, est-il pré­ci­pité du haut d’un toit, l’hon­neur d’une frêle fleur de beauté est-il foulé aUx pieds par un misé­rable sans scru­pule: le rire répu­gnant atteint alors son sum­mum, coupé de hoquets de joie déli­rante et de .elle est bonne, elle est bien bon­nen néga­teurs de tout sen­ti­ment de pitié. Les voi­sins de cet homme bizarre l’in­ter­pellent, veulent le rap­pe­ler à quelque sen­ti­ment de com­mi­sé­ra­tion, faire revivre dans ce cœur mort un atome de pitié: il n’en a cure, réplique d’un lazzi bien lancé et ne fait trêve à son intem­pes­tif fou-rire que quand un autre film moins dra­ma­tique cesse de faire cou­ler la tou­chante rosée de larmes bai­gnant les visages fémi­nins.

Avant le dénoue­ment, à l’épi­sode le pluB empoi­gnant, son ins­tinct de conti'emine a connu ses meilleurs moments, le film est-il ter­miné par la puni­tion du traître et le bon­heur des bons et des humbles recon­quis après les longues affres de la dou­leur, l’étrange per­son­nage n’est plus satis­fait cette fois: cette petite oie blanche aurait dû mal tour­ner, elle n’au­rait eu que ce qu’elle mérite avec ses petits ' airs de mijau­rée; cette cra­pule d’ou­vrier “ probe et labo­rieux » ah bien oui, c’est moi qui aurait fait


CINÉ-REVUE —

l'im­pos­sible pour l’es­tro­pier pour le res­tant de ses

Le pis, c’est que les opi­nions sub­ver­sives de cet “ ange du bizarre « com­mencent à gagner ses voi­sins. Il se forme peu à peu dans la salle un flot de détrac­teurs qui fait tache d’huile. Ce groupe gran­dis­sant voit tout avec d’autres yeux que le com­mun

les scènes humo­ris­tiques, boy­cotte l’en­ten­de­ment nor­mal de tous les spec­ta­teurs.

C’est une plaie, c’est une peste: on n’en vien­dra à bout qu’à la fin de la soi­rée quand la nuit et le silence auront repris pos­ses­sion de la salle de cinéma. Marmx.

lies pneus Hevea

sont les triom­pha­teurs

N’EN USEZ PLUS D’AUTRES

364, longue rue l’Ar­gile, Arier;

La Dac­tylo et le Jeune Pre­mier

Ceci nous fut conté ces jours-ci par un de nos amis, dont le bureau se trouve non loin de la place Ste Croix. Ren­trant à son « office » après déjeu­ner, notre homme enten­dit un bruit de voix pro­ve­nant de son cabi­net de tra­vail. Prê­tant l’oreille, il recon­nut que c’était sa dac­tylo qui télé­pho­nait. Et voici quel était le thème de la conver­sa­tion:

— Allô, je suis chez M. X... (Ici le nom d’une vedette de l’écran).

. .M. X... est souf­frant, j’ai appris cela, et je vou­drais bien aussi de ses nou­velles... De la part, d’une amie... (A ce moment X.. vient à l’ap­pa­reil). —- Excu­sez-moi, Mon­sieur, je n’ai pas l’hon­neur de vous connaître, mais... mais... je vous aimé tant au Cinéma, que je suis inquiète... car j’ai appris que vous étiez malade... Alors! — Un silence, on com­prend que X... remer­cie la jeune fille de son ama­bi­lité...

La dac­tylo reprend: « J’es­père, Mon­sieur, qui vous a bien remis mes fleurs?... Oh! non, ce n’étl:.. pas un bou­quet magni­fique, une simple gerbe, d’ailleurs rien n’est trop beau pour l’ar­tiste que j’aime!... — A ces mots, notre ami, esti­mant que la conver­sa­tion a suf­fi­sam­ment duré, entre dans son bureau et dit: « Tiens, Ber­tha, vous télé­pho­niez?» et la jeune femme de répondre:« Oui, Mon­sieur, à une de mes amies. Je deman­dais des nou­velles de son mari qui est souf­frant. Mais, il va mieux, heu­reu­se­ment. A pro­pos (??) je vou­lais vous dire, Mon­sieur, que j’au­rais besoin d’une petite aug­men­ta­tion, la vie chère ne me per­met même point de m’ache­ter de nou­velles bot­tines!... Un moment stu­pé­fait, notre ami resta coi, il retrouva enfin la parole... pour accor­der à sa dac­tylo ce qu’elle deman­dait, lit­té­ra­le­ment désarmé par une pareille audace!

Jour­nal de modes men­suel, magni­fi­que­ment illus­tré, jus­ti­fie plei­ne­ment son nom par sa pré­sen­ta­tion artis­tique et l’élé­gance des nom­breux modèles qu*il contient.

Le prix du numéro est entiè­re­ment rem­boursé par un patron gra­tuit.

!ïïn ai ; 22 francs

Six moii : 12 franes

ün numéro : 2 francs

La mai­son Félix four­nit des patrons de tous les modèles figu­rant dans f’Elé­gante.

Pour tout ce qui concerne T ADMI­NIS­TRA­TION, la. Rédac­tion, la Publi­cité de CINÉ-REVUE, s'adres­ser à l'Édi­teur, M. J. MEU­WIS­SEN, rue Charles De Cos­ter, 10 et 12. — Télé­phone L. 1678.

CINÉ-REVUE

Sév­brin MARS

Le grand artiste qu’était Séve­rin Mars est mort subi­te­ment à Mantes, où il était en vil­lé­gia­ture. Avant d’être une des gloires les plus sûres du •cinéma, Séve­rin Mars fut un /—médien de grand talent.

Sou regard appuyé, sa hante taille en avaient fait un comé­dien d’écran extra­or­di­naire. On se sou­vient cer­tai­ne­ment de lui dans J'ac­cuse, où il fit la plus émou­vante peut-être de ses créa­tions.

Sorti du conser­va­toire, il se consa­cra d’abord à l’art mimique qui le des­ti­nait si natu­rel­le­ment à l’art muet. Il incarna dans de nom­breuses pan­to­mimes le légen­daire Pier­rot et devint ainsi le rival •de son homo­nyme Séve­rin, l’in­com­pa­rable créa­teur fie Chaud, d'ha­bits! qu’il devait reprendre cet été avec suc­cès dans un théâtre des Champs-Ely­sées.

•Puis il joua dans dif­fé­rents théâtres d’à-côté et se fit remar­quer notam­ment dans Taïaut et le Viol de Mau­rice Level. Il créa le, rôle du chien de l’Oi­seau •bleu de M. Mae­ter­linck, les Pier­rots à l’Am­bigu, la Marque de la, bête au Grand Gui­gnol. Il écri­vit une pièce, dont il joua le prin­ci­pal rôle au

Théâtre Réjane.

Le masque de Séve­rin Mars était mobile et expres­sif; c’était un artiste sin­cère et probe, épris fie son art.

La mort le sur­prend au moment où il met­tait en scène un de ses films: La Mort du soleil, dont il avait bâti le scé­na­rio avec Jean Legrand, pour lequel furent employés 50,000 mètres de pel­li­cule néga­tive et mon­tés plus de 60 décors. Séve­rin y était d’une rare beauté et y éga­lait ses plus beaux moments de la Roue et de J'ac­cuse.

Ce film ne devait être pré­senté à Paris qu'en novembre pro­chain, mais nous aurons l’oc­ca­sion de de voir pro­chai­ne­ment le grand artiste dans VAgo­nie des Aigles, dont nous avons dit le, triom­phal suc­cès à Paris (voi­ru0 6 de Ciné-Revue).

C’était un homme fort cultivé, très cour­tois et qui avait foi dans son art. Ses amis, ceux qui l'ont applaudi sansTe connaître, déplorent la perte d’un artiste de cette valeur intel­lec­tuelle et morale.


CINÉ-REVUE —

LA DANSE

Un roi de Pont, dans l’Asie Mineure, se trou­vant à Rome du temps de Néron, assis­tait à la repré­sen­ta­tion des Tra­vaux d’Her­cule. Il fut si enchanté du dan­seur qui jouait le rôle du héros, il sui­vit avec tant de faci­lité tout le fil de l’ac­tion, il en com­prit si par­fai­te­ment tous les détails, qu’il sup­plia l’em­pe­reur de lui céder en cadeau ce mime extra­or­di­naire.

« Ne soyez pas étonné de ma prière, disait-il; j’ai pour voi­sins des bar­bares dont per­sonne n’en­tend la langue, qui n’ont jamais pu apprendre la mienne. Les geste s de cet homme leur feront entendre mes volon­tés».

Vu récit de cette anec­dote, on se rap­pelle aus­si­tôt,le maître à dan­ser du Bour­geois gen­til­homme, détaillant les ser­vices que son art pou­vait rendre à la poli­tique en fai­sant évi­ter aux hommes d’Etat les faux pas fré­quents et dan­ge­reux sur les che­mins glis­sants de la diplo­ma­tie; mais si le roi de Pont, envoyant un dan­seur en ambas­sade auprès de ses voi­sins gros­siers et sau­vages, semble au pre­mier abord jus­ti­fier la plai­sante théo­rie du maître à dan­ser, on recon­naît en y réflé­chis­sant davan­tage que dans son dis­cours à l’em­pe­reur Néron se trouve l’idée la plus phi­lo­so­phique que l’on puisse don­ner à la danse. — La danse est le geste de l’homme dans toute son éten­due; la danse, qui sait expri­mer les sen­ti­ments inté­rieurs de l’âme avec toute la magie des formes exté­rieures du corps, avec toute l’im­pé­tuo­sité des mou­ve­ments, peut deve­nir, en cer­taines cir­cons­tances, un lan­gage uni­ver­sel, facile à com­prendre du sau­vage placé au der­nier degré de l’es­pèce humaine.

Les vieux navi­ga­teurs qui, avec une barque de faible ton­nage, n’hé­si­taient pas à affron­ter les glaces polaires ou les rivages inhos­pi­ta­liers avaient recours à la puis­sance de la danse et de la musique pour apla­nir les dif­flc­ql­tés d’une pre­mière com­mu­ni­ca­tion avec les natu­rels. Ainsi John Davis, péné­trant, en 1585, dans le détroit qui porte son nom, fit jouer ses musi­ciens et dan­ser ses mate­lots; les indi­gènes, gens simples et sans mau­vaises inten­tions, com­prirent bien­tôt ce que ces signes vou­laient dire, et ils furent si char­més de l’ac­cueil qu’on leur fai­sait, qu’en peu de temps il y eut un grand nombre de canots le long des deux petits bâti­ments de l’ex­pé­di­tion.

C’est cer­tai­ne­ment le besoin ins­tinc­tif ou rai­sonné d’ex­pri­mer, par des mou­ve­ments caden­cés, un exemple de sen­ti­ments que le lan­gage le plus expres­sif ne sau­rait rendre, qui a intro­duit la danse chez tous les peuples, dans tous les siècles, dans toutes les céré­mo­nies, dans la reli­gion et dans la poli­tique, au sein de la poli­tique comme au milieu des plai­sirs.

Ici les prêtres saliens que Numa ins­ti­tue pour des­ser­vir l’au­tel de Mars, exé­cutent des danses dans leurs marches, dans les sacri­fices et dans les fôtes solen­nelles; ailleurs ce sont des ins­pi­rés qui, dans une mul­ti­tude de lieux, com­men­çant par une danse mesu­rée, se sentent peu à peu péné­trés de la divi­nité qu’ils adorent, se tré­mous-

,1) Voir daim Clnt-Hevue n‘ 12: l'Art Mimique

sent vio­lem­ment et s’aban­donnent à de rapides contor­sions déco­rées du nom de fureur sacrée.

Chez les Egyp­tiens, on dan­sait devant le bœuf Apis, dès qu’on l’avait trouvé; on dan­sait dans les. fêtes en son hon­neur, et quand il mou­rait, on* dan­sait encore.

La reli­gion juive admet­tait aussi la danse dans ses céré­mo­nies: David dansa devant l’Arche, et l’Eglise chré­tienne a eu elle-même dans les pre­miers siècles une danse sacrée, comme démons* tra­tion exté­rieure de la dépen­dance des créa­tures.. Les der­viches turcs exé­cutent avec un zèle infa­ti­gable une sorte de mou­li­net, si violent etr ’ rapide qu’ils finis­sant par tom­ber épui­sés sa—, mou­ve­ment, pré­ten­dant célé­brer par ce ter­rible exer­cice la fête de leur fon­da­teur Mene­laüs, qui tourna en dan­sant pen­dant qua­torze jours, dit-on sans se don­ner de relâche, au son de la flûte de son. com­pa­gnon.

Il est tout natu­rel de dan­ser aux noces, aux fes­tins — nous ne nous en fai­sons faute — et cette cou­tume nous est com­mune avec tous les peuples, anciens. Mais même dans les tristes cir­cons­tances, des funé­railles, l’usage de la danse avait été conservé par les Athé­niens et les Romains. Ces der­nier savaient, en l’oc­cur­rence, intro­duit un usage fort remar­quable: celui de Var­chi­mime, lequel, cou­vert d’un masque res­sem­blant au défunt,, revêtu de ses habits, pei­gnait par sa danse les actes les plus saillants, bons ou mau­vais, du per­son­nage qu’il repré­sen­tait.C’était une sorte d’orai­son funèbre en action, qu’on pré­ten­dail impar­tiale..

L’his­toire nous a conservé une foule de faits rela­tifs à la danse chez les Anciens, et nous savons que les riva­li­tés des dan­seurs de théâtre ont pu quel­que­fois sou­le­ver des émeutes pars leurs chauds par­ti­sans. Socrate tenait fort à eu cuter les danses qu’il avait apprises d’As­pa­sie. Le-grave Caton, mal­gré ses soixante ans, rede­vint élève d’un maître à dan­ser pour paraître hono­ra­ble­ment dans un bal. Ensuite la que­relle des. mimes Pylade et Batyle, sous le régime d’Au­guste,, fut si vive que leurs cabales absor­bèrent toutes les autres, au grand plai­sir de cet habile empe­reur qui exi­tait le goût du théâtre dans un but de poli­tique et de police. Les Romains pre­naient une si grande part au spec­tacle, les dan­seurs expri­maient leurs sen­ti­ments avec une telle vérité de carac­tère, que sou­vent la mul­ti­tude entraî­née-repro­dui­sait machi­na­le­ment la scène qui se dérou­lait sous ses yeux, jetant.les hauts cris, pleu­rant,, par­ta­geant les fureurs d’Ajax, se dépouillant de ses habits, comme l’ac­teur qui repré­sen­tait le héros. Quelques-uns même, dans l’ex­cès du délire pro­vo­qué par l'imi­ta­tion, en venaient aux mains,, ou ros­saient impi­toya­ble­ment leurs voi­sins. On avait déjà vu sur le théâtre d’Athènes la danse des. Eumé­nides, divi­ni­tés bar­bares, char­gées de la ven­geance du ciel, prendre un si effroyable carac­tère, que le peuple s’ôtait enfui, que de vieux guer­riers avaient trem­blé de tous leurs membres. et que l’Aréo­page, lui-même, s’était senti trou­blé-

(A suivre )

— CJNË-REVUE

Georges Car­pen­tier, cham­pion de France et d’Eu­rope, le glo­rieux vaincu du match géant qui le mit aux prises avec le géant amé­ri­cain Demp­sey; Georges Car­pen­tier! Son nom seul suf­fi­rait à assu­rer le suc­cès d’un Hlm, mais encore faut-il que les scé­na­rios soient bien étu­diés et d’un inté­rêt réel. On peut dire qu’à cet égard les scé­na­rios où Car­pen­tier a joué un rôle n’ont pas per­mis de se rendre un compte suf­fi­sant des qua­li­tés scé­niques qu’est Car­pen­tier, artiste ciné­ma­to­gra­phique,

U n’en est pas de même du film que nous tenions à pré­sen­ter au public belge:«L’Homme Mer­veilleux»,acquis par Luxor - Film, nous montre un Car­pen­tier acteur i nsoup­çonné j usqu’à


ce jour. Ge film n’est pas une exhi­bi­tion; c’est une intrigue très bien char­pen­tée, aux péri­pé­ties émou­vantes, qui met­ten­ten valeur­non­seu­le­ment les qua­li­tés spor­tives du prin­ci­pal inter­prète, mais encore et, sur­tout ses qua­li­tés de comé­dien dans de nom­breuses scènes dra­ma­tiques et sen­ti­men­tales.

Le scé­na­rio met aux prises un jeune atta­ché à la mis­sion fran­çaise aux Etats-Unis: Henri d’Ar­vant, et un ingé­nieur amé­ri­cain peu scru­pu­leux: Alan Gard­ner. Par l’en­tre­mise de ce der­nier, d’im­por­tants mar­chés ont été pas­sés entre te gou­ver­ne­ment fran­çais et une impor­tante société amé­ri­caine de machines agri­coles. Gard­ner vou­lant fal­si­fier les chiffres des mar­chés à son pro­fit, ne recule pas devant un meurtre pour s’em­pa­rer des contrats. On cherche le cou­pable et sur les insi­nua­tions de l’in­gé­nieur, on arrive à soup­çon­ner d’Ar­vant. Une seule per­sonne garde toute sa confiance au jeune Fran­çais, c’est Miss Doro­thy Sto­ner, la fille du direc­teur de la Société amé­ri­caine. A cause d’elle, d’Ar­vant accepte le défi que lui lance Gard­ner dans le cham­pion­nat de boxe de l’At­le­tip Club. Après avoir mis knock-out son adver­saire dans un com­bat mou­ve­menté, il triomphe défi­ni­ti­ve­ment du cri­mi­nel en appor­tant devant la jus­tice les preuves de sa culpa­bi­lité.

Est-il néces­saire d’ajou­ter qu’un mariage unira par la suite, Henri d’Ar­vant à Doro­thy Sto­ner? '

Cette action dra­ma­tique est pré­sen­tée avec la luxueuse mise en scène des grands films amé­ri­cains: la fête de l’Ath'le­tic Club, la récep­tion mon­daine ori­gi­nale où toute une jeu­nesse élé­gante prend joyeu­se­ment des ébats nau­tiques, le match de boxe, d’une réa­lité impres­sion­nante, consti­tuent les prin­ci­paux « clous » de ce film, émaillé de détails char­mants ét mer­veilleu­se­ment éclairé par le charme spi­ri­tuel de Miss Fair Bin­ney. En pro­di­guant dans cette bande, le meilleur de son talent, la jeune « star » amé­ri­caine a sans doute com­pris qu’au stu­dio comme au ring, Car­pen­tier est un adver­saire avec lequel il con vient de comp­ter. K.


toyal - Zoo­lo­gie Cinéma

ooooo

Pro­gramme du 13 au 18 août

Gau­mont-Jour­nal

SUPRÊME SACRI­FICE

Grand drame en 5 par­ties.

Pro­gramma van 13 tot 18 Oogst

Gau­mont-W eek­blad

OPPERSTE OPOF­FE­RING

Groot drama in 5 dee­len.

L’Ami des Mon­tagnes y De Vriend der Ber­gen

Grand film d’art Gau­mont, inter­prété par M. André NOX et Ml|e MADYS

Kunst­film Gau­mont .ver­tolkt door M. André NOX en Mej. MADYS

SUPREME SACRI­FICE

OPPERSTE OPOF­FE­RING

Boggs-Court, le quar­tier le plus pauvre de New-York, est visité par Brad­ford Vin­ton. II y remarque une jeune fille dont il fait la connais­sance et à laquelle il confie ses pro­jets. Ils se lient d’af­fec­tion et pro­jettent de s’unir, mal­gré l’op­po­si­tion du père du jeune homme. Brad­fort ne pou­vant flé­chir la volonté pater­nelle, quitte ses parents, veut retour­ner auprès de sa fian­cée Syl­via, mais celle-ci a dis­paru. Remer­cié par le jour­nal où il était rédac­teur, Brad­ford ouvre un res­tau­rant dans le quar­tier pauvre. Il y vient entr’autres, le fils d’un avo­cat; le nou­vel hôte­lier découvre que cet homme se livre au com­merce de drogues défen­dues par la loi. 11 veut se débar­ras­ser de lui, mais l’homme revient, et le blesse griè­ve­ment au cours d’une rixe. A l’hô­pi­tal, il est soi­gné par Syl­via qui exerce l’em­ploi de garde-malade Ren­dant son séjour à l’hô­pi­tal, Syl­via a reçu la confes­sion d’une femme qui s’ac­cuse d’avoir fait une dépo­si­tion men­son­gère pour enta­cher l’hon­neur d’une jeune fille. La fian­cée de Brad­ford a appris de la sorte le nom de ceux qui tra­vaillaient à sa perte. La plaie du jeune homme étant grave, il ne peut être sauvé que par la trans­fu­sion du sang. Syl­via s’offre pour ce sacri­fice.Entre temps le père et la mère de Brad­ford sont venus visi­ter leur fils. Le père Brad­ford est plein d’ad­mi­ra­tion pour Syl­via qui a plus donné à Brad­fort que lui-même l’eût pu avec tout son or; il place la main de la jeune QUe dans celle de son fils.

Brad­ford Vin­ton bezoek de arm­ste wijk van Naw-York, en ont­moet er een meisje, waar­mede hij ken­nis maakt; wel­dra wint zij zijn ver­trou­wen en zijn liefde, en belooft hem te hel­pen. Zij zou­den trou­wen, maar de vader van Brad­ford wil daar niet van hoo­ren. De jon­gen ver­laat het ouder­lijk huis, en wil Syl­via, zijn meisje, gaan opzoe­ken, maar ze is spoor­loos verd­we­nen. Hij zelf heeft zijn onts­lag gekre­gen in het dag­blad waar­van hij ops­tel­ler was, en zal nu een her­berg oprich­ten in de arme wij­ken der stad. Een zij­ner klan­ten is de zoon van eenen advo­caat; Brad­ford ver­ne­meud dat die man han­del dri­jft in ver­bo­den dro­ge­ri­jen, heeft onee­ni­gheid met hem, en wordt door hem gewond. In het hos­pi­taal over­ge­bracht, wordt Brad­ford er door Syl­via ver­zorgd, die zich aan de dienst der zie­ken gewijd heeft. In het zie­ken­huis' heeft ze de beken­te­nis van eene vrouw gehoord, die zich bes­chui­gigde een valsche eed gedaan te heb­ben om een meisje te ontee­ren; zoo ver­nam Syl­via de namen van hen die Brad­ford en haar schade berok­ken­den. Doch de jonge gek­wetste is erg getrof­fen geweest, en kan maar gered door over­tap­pen van bloed. Syl­via biedt zich aan voor deze opof­fe­ring, en de heel­kun­dige bewer­king loopt voor bei­den goed af. Nu komt ook de vader van Brad­ford aan de sponde van den ziekte, ver­neemt de oppertste opof­fe­ring van het held­haf­tig meisje, en begri­j­pend dat zij zijn jon­gen meer heeft gege­ven dan hij het niet al zijn goud bad kun­nen doen, stemt hij toe in het huwe­lijk.


CINÉ-REVUE -

d’un dieu et les impre­sarli les plus muni­fi­cents, se dis­pu­tèrent ses enga­ge­ments à coups de bank-notes. Mais ce fut à la Havane qu’il bat­tit le record des cachets en obte­nant dix mille dol­lars pour une soi­rée.

M. Caruso avait ainsi acquis une for­tune colos­sale. Il avait ses gardes du corps, char­gés sur­tout de le pré­ser­ver contre les sur­prises d’une inter­view et l’in­sis­tance des sol­li­ci­teurs de tous genres.

Marié depuis quelques année sà une Amé­ri­caine, il était père d’une petite fille qu’il ado­rait.

Caruso fut sur­tout l’in­ter­prète des com­po­si­teurs ita­liens contem­po­rains: Puc­cini, Mas­ca­gni, Leon­ca­vallo, et il aida beau­coup à la dif­fu­sion de leurs œuvres.

« Il me plaît, disait-il volon­tiers, de ser­vir ma patrie et mes com­pa­triotes dans mon art. »

Caruso est mort

Comme tous les artistes, Caruso avait son vio­lon d’Ingres: un incon­tes­table talent de cari­ca­tu­riste dont il riait volon­tiers et dont il était

Le célèbre ténor Enrico Caruso vient de mou­rir à Naples. Souf­frant depuis de longs mois, il fut atteint il y a quelques jours d’une péri­to­nite aiguë qui ne lais­sait aucun espoir de gué­ri­son. Son état phy­sique avait d'ailleurs été influencé par son état moral: Caruso savait qu’à la suite de l’ac­ci­dent qui lui était sur­venu à New-York (il s’était rompu une corde vocale) il serait désor­mais dans l’im­pos­si­bi­lité de retrou­ver sa voix et il en éprou­vait une indi­cible dou­leur.

Caruso” était le repré­sen­tant le plus renommé de l’art contem­poi'ain du bel canto. L’éten­due de sa voix était pour ainsi dire sans limite et celle-ci com­pen­sait, par sa beauté natu­relle, l’in­suf­fi­sance tech­nique de l’ar­tiste.

C’est faux Etats-Unis que la répu­ta­tion de Caruso s’af­firma plei­ne­ment. On l’y fêta à l’égal

plus fier que de ses triomphes scé­niques. Il meurt à cin­quante ans.

UNE CHAIRE DE CINEMA

C’est 6 Munich qu’elle va être créée. Et il nous faut bien envie'r, une fois de plus, l’ini­tia­tive et le sens de l’ac­tua­lité des Alle­mands., Il y a un moment, en effet, qu’ils ont ces­sé' de consi­dé­rer le cinéma comme une amu­sette à l’usage exclu­sif des enfants. Le cinéma, c’est comme les fables de La Fon­taine. Les enfants; les disent. Les grandes per­sonnes sont seules aptes à les com­prendre.

Chez nous, le cinéma en est encore aux confé­rences, aux reven­di­ca­tions Inutiles,, aux expé­riences qui ne prouvent pas gran­do­hose. Il y aurait, sans doute, mieux à faire...

(« L’Œuvre ».) Henri SIMONL

— CINÉ-REVUE

BER­THA!

Elle s’ap­pelle Ber­tha! Elle est dac­tylo dans une mai­son d’édi­tion de Bruxelles.

Depuis qu’elle a vu son héros au cinéma, ses jours sont trou­blés... et ses nuits éga­le­ment! Elle y songe constam­ment, col­lec­tionne les por­traits de l’élu de son cœur et lui écrit chaque soir, une longue lettre... qu’elle conserve dans un cahier spé­cial où elle déverse le trop-plein de son âme! Timide, elle n’ose recher­cher son héros, ni lui avouer sa flamme. Et il a fallu un curieux hasard pour nous mettre en pos­ses­sion du livre où Elle confie au papier le jar­din secret de son cœur. Il n’y a point d’obs­tacles qui retienne un jour­na­liste, et sans pudeur, puisque nous ne nom­mons point autre­ment que par son pré­nom de’ Ber­tha, l’hé­roine de cette his­toire, nous pou­vons publier quelques extraits de ses amou­reuses confi­dences:

«Je vous ai vu hier soir, au cinéma, mon bel « ami connu et inconnu à la fois. Je vous adore « dans ce rôle.​Votre jeu me pas­sionne, votre phy-a sio­no­mie me met en émoi et chaque fois que a votre figure appa­raît à l’écran, mon cœur bat « un peu plus fort. Je n’aime pas cette femme qui « joue avec vous. Elle est jolie, évi­dem­ment, mais « enfin je ne l’aime pas! je parie de la blonde.celle a qui joue le rôle de Ber­na­dette! Serais je jalouse « par hasard? Qui sait? Peut-être!. . etc..., etc...»

Et nous avons pu lire des pages entières sur ce cha­pitre! Ah! cinéma, cinéma! Que de cœurs furent bri­sés par ta faute! Pauvre petite Ber­tha!

Pour la publi­cité de cette revue, veuillez vous adres­ser à M. A. DEL­MAR­CEL, 2.5, rue Dupré, à Jette — Téléph. B 16659 ou au bureau du jour­nal, tz, rue Charles De Cosier.


INCO­HÉ­RENCE

Pour­quoi, en sor­tant d’une salle de cinéma, l’opi­nion du public n’est elle pas faite, pour­quoi tant de diver­gences de vues quand il s’agit de don­ner son appré­cia­tion sur un film, alors que les spec­ta­teurs d’une pièce de théâtre sont en

fronde majo­rité d’ac­cord sur les beau­tés ouïes éfauts d'un drame ou d’une comé­die jouée « aux feux de la rampe »? Com­ment expli­quer que ce même public ne puisse avoir une opi­nion com­mune en ce qui concerne les épi­sodes vus sur l’écran?

C’est cette « inco­hé­rence » que notre excellent con frère Jacques Cor a voulu mettre en lumière dans un article paru dans « la Ciné­ma­to­gra­phie fran­çaise », à laquelle nous emprun­trons les lignes qui vont suivre:

Vous avez cer­tai­ne­ment remar­qué la dif­fi­culté» je dirais même l’im­pos­si­bi­lité qu’il y a pour les gens qui suivent le Cinéma à se mettre d’ac­cord sur la valeur d’un film.

Ce phé­no­mène est extrê­me­ment curieux en ce sens­qu’il est par­ti­cu­lier au cinéma.

Lorsque paraît à la scène une pièce de théâtre, il est rare qu’il ne se réunisse» pas, sinon une una­ni­mité, du moins une forte majo­rité, soit pour la louer, soit pour la déni­grer. Il en est de même en lit­té­ra­ture, les avis sur les œuvres litté-raires sont assez peu par­ta­gés, elles plaisent plus au moins, mais leur valeur intrin­sèque est géné­ra­le­ment admise ou reje­tée par une grande majo­rité pen­sante.

A quoi cela tient-il donc qu’un film, qu’à peu près tous les films, ne puissent réunir un nombre desuf­frages leis qu’il en résulte une opi­nion géné­rale défi­ni­tive, soit en bien, soit en mal? je me le suis sou­vent demandé, et pour­quoi la pro­jec­tion à l’écran est-elle seule l'ob­jet de ce phé­no­mène bizarre?

Il ne s’agit ici, bien entendu, que de l’opi­nion des gens de bonne foi puis­qu’avec les autres toute dis­cus­sion est inutile. Il ne s’agit pas non plus des opi­nions émises par des feuilles inté­res­sées où les louanges éclosent comme un par­terre de fleurs sous l’ac­tion pro­pice d’un arro­sage abon­dant, ni de celles, au contraire, qui assas­sinent les films sur les­quels ne s’est pas abat­tue la rosée bien­fai­sante de la publi­cité, et nous en connais­sons, n’est-ce pas? De ces deux caté­go­ries l’opi­nion est négli­geable. Je ne parle que de l’opi­nion du Public, de celui qui paye sa place dans les salles, qui pour cent sous, achète un peu de joie, d’émo­tion ou de plai­sir, de celui qui juge en der­nier res­sort, de celui pour qui toute la ciné­ma­to­gra­phie tra­vaille et dont en fin de compte, l’opi­nion fait le suc­cès ou la décon­fi­ture d’un film.

Eh bien, ce public là, écou­tez ses réflexions à la sor­tie; vous serez frappé de leur inco­hé­rence et sur­tout de ce qu’elles ont de terne, de vague et de rela­tif:

« Oui! ce n’est pas mal! mais le scé­na­rio???... » « L’His­toire est confuse... mais la photo rachète ».

« La pho­to­gra­phie est ignoble, heu­reu­se­ment que le rapt est inté­res­sant! » « Quelle mise en scène ridi­cule! »

« Quel talent a ce Gron­duc!! » A la sor­tie d’un théâtre vous ne consta­tez rien de tel. Ou le public a été pris, empoi­gné et son enthou­siasme se mani­feste una­ni­me­ment, ou il s’est ennuyé et vous le lisez sur la figure de cha­cun.

Le phé­no­mène est encore beau­coup plus­cu­rieux à la sor­tir d’une pré­sen­ta­tion spé­ciale. Il ne se ren­contre dans ces sortes de mani­fes­ta­tions à peu près que des gens habi­tués à voir du film, parce que c’est leur métier. Si vous faites la part des choses, que vous écar­tiez ceux qui, soit par sno­bisme, soit par sym­pa­thie pour l’au­teur, soit au contraire par anti­pa­thie pour celui-ci, assistent à la pro­jec­tion avec des pré­ven­tions et si vous ne pre­nez que les autres, les indé­pen­dants, vous consta­te­rez chez ceux-ci une impos­si­bi­lité de se mettre d’ac­cord sur la valeur du film; et pour­tant ces gens-là sont des habi­tués, leur œil est fait à la pro­jec­tion, et pour­tant les uns ne voient pas ce que les autres ont vu.

J’en suis amené à conclure qu’en rai­son de ce que l’im­pres­sion ciné­ma­to­gra­phique a de fugi­tif elle ne peut être exac­te­ment et tota­le­ment per­çue que par ceux qui sont doués d’une orga­ni­sa­tion ocu­laire et céré­brale bien éta­blie èt bien adap­tée, qu’une par­tie seule­ment des spec­ta­teurs en est pour­vue et que c’est cette dif­fé­rence de per­cep­tion qui crée les dif­fé­rences d’opi­nion.

Il n’en est pas moins vrai que cet état de chose est mal­heu­reux. Il serait tout à fait sou­hai­table qu’une impres­sion bonne ou mau­vaise, mais abso­lue, s’im­po­sât dans toute salle à la vision d’un film. Ce serait l’éli­mi­na­tion auto­ma­tique des mau­vaises œuvres et le suc­cès assuré des bonnes.

Je serais Direc­teur, que je ne redou­te­rais rien tant que le silence et l’in­dif­fé­rence de mon public, et je sau­rais trou­ver dans ses mani­fes­ta­tions des indi­ca­tions pré­cieuses de ses pré­fé­rences. A l’heure actuelle, com­ment vou­lez-vous qu’un Direc­teur sache si son pro­gramme plaît, alors qu’il se trouve devant un public muet?

Si j’étais Direc­teur, je ne crain­drais pas avant chaque grand film défaire pro­je­ter sur l'écran une annonce ainsi conçue:

« Mes­sieurs les Spec­ta­teurs sont priés de mani­fes­ter leur appro­ba­tion ou leur répro­ba­tion du film que nous allons leur pré­sen­ter. » il faut obli­ger le public à se faire des opi­nions, pour cela il faut l’en­cou­ra­ger à- les mani­fes­ter. De leur contra­dic­tion même, naî­tront l’en­thou­siasme, et rien n’est plus com­mu­ni­ca­tif; leur expres­sion exci­tera son inté­rêt.

Avez vous jamais assisté à une pro­jec­tion dans une salle de Mar­seille? Là, on mani­feste! A chaque ins­tant pen­dant que se déroulent les péri­pé­ties du film, fusent à tra­vers la salle les réflexions les plus baroques, les appré­cia­tions les moins modé­rées: « Hardi! ne le lâche pas! « II le tient «. « Non ». « Si ». « Il va l’avoir ». « Ah! c’te gueule qu’y fait ». « C'est bien fait, tu l’as pas volé, cra­pule! » « Atten­tion! Il est der­rière toi! »

Et, il n’y a pas de ville en France où les salles de pro­jec­tion fassent de meilleures affaires.

Jacques Con.

— CINE-REVUE

LES BRUI­TEURS

Le cinéma par­lant fait en ce moment beau­coup par­ler de lui—c’est le cas ou jamais — les uns font de cha­leu­reux éloges de la mise au point d’une inven­tion vieille déjà d’une dizaine d’an­nées; les autres la com­battent en disant et en écri­vant (les adver­saires du cinéma parlent et écrivent beau­coup) que le cinéma étant un art muet, il est par­fai­te­ment inutile et peut-être même dan­ge­reux de vou­loir le détour­ner de sa des­ti­na­tion. Cha­cun, en cette affaire, défend avec opi­niâ­treté son opi­nion. Mais il existe un moyen terme qui met­trai*-‘opt le monde d’ac­cord: ce sont les brui­teurs!*!.!« 'con­naît leur rôle pen­dant la pro­jec­tiôn d’un film. Les brui­teurs eurent leur vogue jus­qu’en août 1914. Beau­coup firent leur che­min puis­qu’ils occupent .aujour­d’hui des situa­tions bien rému­né­rées dans l’in­dus­trie et que même l’un d’eux qui cumu­lait l’em­ploi de brui­teur avec celui de confé­ren­cier fit for­tune en quatre ans dans l’ex­ploi­ta­tion; il vient cet homme de se reti­rer des affaires pour cou­ler des jours heu­reux dans une villa qu’il a ache­tée dans les Cha­rentes. Allons-nous retrou­ver dans la fosse aux musi­ciens ou der­rière l’écran l’homme qui imi­tait le bruit de la mer, les orages, le galop des che­vaux, la tré­pi­da­tion des autos, l’homme qui cas­sait les assiettes, etc... etc...?

Dans quelques ciné­mas qui pos­sèdent de bons orchestres le brui­teur ne serait pas très recom­man­dable, mais dans d’autres, il ferait oublier la caco­pho­nie des musi­ciens affreu­se­ment mau­vais. Ce serait un bon résul­tat.

Paroles à médi­ter

«Se dés­in­té­res­ser du théâtre, d’écla­rait l’autre jour un ora­teur fran­çais, est grave; se dés­in­té­res­ser du cinéma est plus grave encore, car celui-ci ne s’adresse pas seule­ment à ijn pays, mais au monde entier. Le cinéma a une enorme impor­tance morale et sociale. Il faut deman­der aux pou­voirs publics de sub­ven­tion­ner le sep­tième art; le cinéma ne doit pas être exclu­si­ve­ment* un com­merce; c’est un véri­table ser­vice public, car il a une influence mora­leet sociale dont dépend l’ave­nir du pays et sa répu­ta­tion dans le monde entier. »

La Lune de miel de Demp­sey

A Londres, il n’est bruit que du mariage du cham­pion du monde pour la boxe avec une jeune « star» de l’écran, la jolie Miss Goce­lyn. Les deux tour­te­reaux seraient allés pas­ser leur « honey­moon» en Cali­for­nie.

On sait que Demp­sey est lui-même une vedette du cinéma; nous pro­met­tons à nos lec­teurs d’illus­trer pro­chai­ne­ment les pages du «Ciné-Revue» avec des pho­tos d’un film où il s’est par­ti­cu­liè­re­ment dis­tin­gué.

On peut se réjouir de ce que des hommes tels que le cham­pion de boxe aient trouvé leur vio­lon d’Ingres dans læ pra­tique du cinéma, ne fût-ce que pour lui faire pas­ser des loi­sirs qui doivent être nom­breux entre deux matchs sen­sa­tion­nels.

DÉRAILLE­MENTS QUO­TI­DIENS

— Älamaiic­ci'it quTe)}e u’osc pas voya­ger,

Je com­prends ça, si tu étais mignonne tu irais la cher­cher.: Des­sin FIEIUUJ FAL­KE' (Jour­nal)

DES MALINS

— Voue ne me ferez pas croire qiï’ou peut nager sans remuer les bras ni les jatnbe»s î

— Eh bien, et les pois­sons? Com­ment font-ils? (Jour­nal)


— Non, mon­sieur, le cais­sier est parti à la mer — Oui, nous for­ce­rons les portes cfti Par­le­ment: demain, toutes môme qu’il a dit: -Enfla je vais pou­voir bar­bo­ter à les femmes belges pour­ront pré­tendre â deve­nir femme de Chambre! mon aise!» (Le Peli­can) (Pour­quoi Pas)

Les “ GRIF­FON,, 1921 doivent plaire

Le temps des navets a vécu

On sait quel sens désas­treux les ciné­ma­fo­gra-phistes aver­tis donnent au mot navet. Il n’est pas des plus flat­teurs. C’ett habi­tuel­le­ment un film inco­lore, indo­lore et sans saveur, que les direc­teurs cata­loguent dans la der­nière caté­go­rie des scènes de rebut, et qui, à tout bien prendre ne fait de mai à per­sonne, qu’à la bourse du direc­teur et à la répu­ta­tion de son éta­blis­se­ment. A part celà, le navet est inof­fen­sif... C’est le mal blanc de l’ex­ploi­ta­tion. Ce n’est pas dan­ge­reux, mais ter­ri­ble­ment dou­lou­reux pour ceux qui en sont affli­gés.

Le fâcheux est que le navet n’est pas un mal soli­taire, le navet se vend par bottes et se livre par caisses... que dis-je?par bal­lots...

Etant donné la fâcheuse répu­ta­tion du navet, d’im­por­tants lin­guistes ciné­ma­to­gra­phistes ont décidé de rayer ce mot de leur voca­bu­laire et cette mar­chan­dise de leurs livrai­sons.

Res­pi­rons, mes frères!

Mais voici qu’un lous­tic, pince-sans-rire, ne parle rien moins que de rem­pla­cer ce mot honni par celui plus comes­tible d'ar­le­quins.

Le navet est mort, par­fait! mais ne nous lais­sons pas encom­brer par les ‘pro­grammes arle­quins qui n’ont jamais vu le feu des pro­jec­teurs de la Mutua­lité.

Ils sont aussi indi­gestes que les navets défunts qui veulent se réin­car­ner sous ce nou­veau vocable.

Jeune homme désire faire connais­sane avec jeune fille aimant le ciné.

Ecrire A. G. V., bureau du jour­nal.

irous nous sommes ins­pi­rés des leçons de l’ex­pé­rience pour conden­ser dans un petit nombre de modèles les desi­de­rata du débu­tant moto­cy­cliste et ceux du moto­cy­clisfe expé­ri­menté ama­teur de grand tou­risme dést— reux de réa­li­ser des ran­don­nées en pays très acci­denté avec accou­ple­ment d'un side­car.

Loin d’en­trer dans la voie de cer­taines concep­tions ten­dant à (aire de la moto­cy­clette un engin trop lourd, dan­ge­reux à manier, à méca­nisme com­pli­qué, nous nous sommes appli­qués à main­te­nir la moto­cy­clette dans le cadre qu'elle doit avoir et nos clients consta­te­ront avec satis­fac­tion que nos modèles 1911 gardent une grande net­teté dans la ligne, une sim­pli­cité très grande dans tous leurs organes PAR­FAI­TE­MENT ACCES­SIBLES.

Deux types seule­ment sont fabri­qués en grande série • i° 3 HP avec boîte à deux vitesses, moteur a. temps mono-cylin­drique; z° 6 HP avec boîte à 3 vitesses, moteur 4 temps à 2 cylindres.

Nous avons arrêté notre choix sur un gui­don assu­rant avec la dis­po­si­tion de la selle et des repose-pieds une posi­tion tout à fait natu­relle.

Les cadres sont sur­bais­sés au maxi­mum, ce qui per­met au pilote de tou­cher terre avec les pieds sans quit­ter la selle, dis­po­si­tion très appré­ciable dans un encom­bre­ment ou un arrêt momen­tané. — Nos machines sont sur la route d'une sta­bi­lité par­faite.

AGENT GÉNÉ­RAL POUR LA BEL­GIQUE:

H.-C. KES­LER, lo, Rue Jules Fran­qui, BRUXELLES

Moto 3 HP, 2 temps, Type V. Moto 6 HP, 2 cylindres, Type U.

Avec 2 sacoches, pompe, plaques de cir­cu­la­tion. Prix s 4,800 franca.

Avec 2 sacoches, pompe, plaques de cir­cu­la­tion. Prix s 6,200 francs.


i6

CINÉ-REVUE —

jCa paae

votre goût quand ce goût, et cela arrive sou­vent, (c’est vous qui par­lez), est judi­cieux. Mais, pour qu’il le soit, il vous faut des tuyaux (c’est tou­jours vous!!) Et vous me deman­dez de vous éclai­rer.

Je me réser­vais de vous mon­trer à l’époque des vacances quelques jolies robes simples pou­vant conve­nir aux fillettes de cinq à quinze ans.

J’ai donc groupé sur cette page trois char­mantes rob.​es. L’une est en fou­lard rouge géra­nium tout par­semé de ronds bleu ancien. Un biais bleu borde le décol­leté, les manches et le bas de ( de la jupe ainsi que les épaules et les emman­chures. Pas de cein­ture, mais un ruban vieux bleu cou­lis­sant les côtés seule­ment et s’y nouant.

L’autre est en shan­tung jaune œuf rayé de vert pâle. La petite jupe fron­cée est posée sur le cor­sage plat bou­tonné de jaune et vert. Cette robette, faite pour une fillette de quatre à cinq ans, est char­mante de sim­pli­cité et vous convien­drait par­fai­te­ment, mignonne, en la fai­sant pour votre taille.

11 en est une autre, faite de crêpe de chine, qui est d’une fraî­cheur de clair matin. Elle est, d'ailleurs, rose aurore. La jupe est faite de trois volants bor­dés de ruban bleu Nat­tier.

J’ai reçu une lettre grosse de reproches. Une jeune lec­trice m’ac­cuse d’ou­blier « la petite classe ».

Vous oublier, fillette qui m’écri­vez si gen­ti­ment, grande fillette de qua­torze ans, déjà coquette et si ingé­nu­ment fille d’Eve! Votre maman, dites-vous, accepte par­fois de vous habiller selon

Un grand volant bou­lonné sur les épaules re,-couvre le petit cor­sage. Un nœud Nat­tier le retient à la taille. La char­lotte assor­tie à cet ensemble est gar­nie d’une cocarde Nat­tier.

Ainsi vêtue, gen­tille amie, vous aurez, j’en suis cer­taine, tout le charme ingénu d’un Greuze.

Louisa d'Haetbe. ’